| AB IRATO, loc. adv. lat. A.− DR. [En parlant des actes faits par une pers. contre un héritier] Sous l'empire de la colère : 1. L'acte fait ab irato est celui qui est fait dans un mouvement de colère. L'ancien droit français admettait dans les pays coutumiers une action ab irato, qui fut étendue par le Parlement de Paris aux pays de Droit écrit. Elle avait pour but de faire annuler les donations, testaments, legs, faits sous l'empire de la colère. De nos jours, cette action n'existe plus comme action distincte. Mais l'acte fait ab irato ne peut être annulé que si la colère révèle l'insanité d'esprit du disposant.
Cap.1936. B.− P. ext. (en dehors de la lang. jur.) [Construit avec un subst. ou un verbe] Fait dans un mouvement de colère : 2. J'allai à Saint-Cloud, M. Daru me rendit le manuscrit, çà et là déchiré, marqué ab irato de parenthèses et de traces au crayon par Bonaparte : l'ongle du lion était enfoncé partout, et j'avais une espèce de plaisir d'irritation à croire le sentir dans mon flanc. M. Daru ne me cacha point la colère de Napoléon; ...
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 267. Prononc. − La dernière transcription de ce mot est celle de DG. : ă-i-rá-tó. Étymol. ET HIST. − 1769 terme jur. (Ferrière, Dict. de dr. et de pol., II, 674, s.v. testament : Testament fait ab irato : est celui pour lequel un testateur paroît s'être laissé emporter par des mouvements de haine et de colère injustes, contre ses héritiers présomptifs, qui en ce cas sont bien fondés à soutenir qu'il ne doit point être exécuté; passé dans la lang. commune).
Lat. jur. testamentum ab irato factum, iiies., d'apr. Edon, Dict. fr.-lat., s.v. BBG. − Barr. 1967. − Dupin-Lab. 1846. |